[Electrypop Interview] Romain Humeau (Eiffel)!

A l’occasion de la sortie de son cinquième album solo aujourd’hui Vendredi 18 Septembre, Romain Humeau (chanteur, leader) du groupe de Rock Français Eiffel  répond aux questions d’electrypop.

                          ©Romain Humeau

 

1)- Romain, quand décides-tu que c’est le bon moment pour partir en solo?

  La plupart du temps, tout se déroule naturellement, j’ai des chansons, une idée de réalisation et je fonce. Il n’y a pas tant que ça de “concept solo”, d’ailleurs personne n’est jamais tout seul au moment d’enregistrer. Là ou je suis toujours seul et besoin de l’être, c’est pour écrire les chansons, que ça soit en contexte Eiffel ou sous mon nom. La seule différence est le fait que quand c’est Romain Humeau, il n’y a pas d’instrumentation figée, ça peut aller dans n’importe quelle direction selon le moment, et je dois dire que ça m’excite beaucoup.

2)- Comment ce projet solo a pris forme?

Echos est très particulier en ce sens ou il s’agit d’un album de transition. Il comporte trois ou quatre morceaux assez vieux, trois-quatre autres tout neufs et un (Echos) que j’avais écrit pour une chanteuse de variété bien connue qui ne l’a pas retenue. L’album est une sorte de patchwork-fenêtre qui va ouvrir sur trois albums qui sont en cours et qui vont changer quelque peu de registre…. J’ai envie de quelque chose de très dynamique, félin, puissant mais qui n’utilisera pas l’argument premier des guitares saturés… je dirai plutôt soul, sale, dansant et sensuel.

3) – Quelle direction artistique as-tu voulu prendre pour ce cinquième album ?

De fait, il y en a plusieurs:

      – Pop et lumineux pour Echos, Cherry Gin et Odyssée

      – Paysan, médiéval et Stoogien pour Sauve toi- Sauve moi

      – Hip Hop pour Pretty girls in a B.W.W

      – Coquin-art nouveau pour L’art de la joie

      – Soul pour Petite faille dans l’espace continuum temps

      – 80’s Cold Wave pour Vagabond

      – Pop Art pour Tryin to be a girl

 4) – Quels sont les thèmes abordés (dans Échos)?

Le vrai thème est tout le temps le même finalement: Qui suis-je ou vais-je, pourquoi et dans quel monde? Avec l’idée de sa propre mort en filigrane.Mais j’utilise des axes différents qui permettent d’évoquer moults sujets périphériques.Dans Echos, je crois bien qu’il est question de transexualité, d’écologie, de circuit court, de cocaïne, de vagabondage à l’ère du crétin-connecté, d’angoisses liées au capitalisme/climat/baisse du QI généralisée avec parfois une forme dystopique empruntée à Orwell, Huxley, Burrough, Bowie… Il est question aussi d’amour et d’érotisme. Pretty girls doit sûrement un peu évoquer l’exploitation des femmes dans le milieu du business musical… Ce genre de choses.C’est un album assez bigarré mais qui ne s’égare pas….

5) – On remarque que tes textes sont toujours aussi travaillés mais moins percutants qu’au sein d’Eiffel…Est ce un choix ou cela te viens naturellement?

  Au contraire, je pense qu’il sont parfois plus percutants, mais effectivement je n’y utilise pas certaines imageries… disons violentes de prime abord.Le percutant ne provient pas forcément des mots utilisés, mais de leurs agencements. 

6) – Te sens-tu plus libre de composer en solo qu’au sein d’ Eiffel? Quelles sont les principales différences et les éventuelles difficultées ?

Je compose toujours de la même manière quelque soit le réceptacle: un stylo, du papier (ou un ordi), une guitare ou un piano.Beaucoup de prises de notes journalières aussi.Dans Eiffel, je compose et écrit les chansons, pour mon projet, c’est idem. La différence réside avant tout dans les productions et les musiciens.C’est étonnant d’ailleurs qu’au bout de cinq albums sous mon nom, il y ait toujours ce truc de Eiffel est une “marque” (mot horrible) et que sous mon nom cela soit considéré comme des échappées… en fait j’ai une seule carrière d’auteur-compositeur dont la prise de corps est multiple. Et il n’y a pas un corps qui soit moins sérieux qu’un autre. A l’avenir, je suppose qu’il y aura beaucoup plus de Romain Humeau que de Eiffel, il y a une logique à tout ça, de temps, de vie, d’envie. Je pense qu’à un moment il faut savoir ne pas se rassurer, ne pas revenir bêtement au bercail. Il faut tout le temps que ça soit légitime et senti. 

7) – Est ce que tu es satisfait du résultat final (de l’album Échos)?

Globalement oui, sinon je ne le sortirai pas.Après, dans le détail, il y a certaines choses que je me reproche déjà, mais c’est depuis le début que c’est comme ça, il n’y a pas un album que j’ai écris et produit dont je ne perçoive pas les failles. C’est positif, ça génère l’envie directe de se lancer dans un autre album.Les gens constamment contents d’eux m’emmerdent, ils sont comme des bagnoles sans moteurs.

8) – Comment as tu vécu le confinement?

Je n’ai pas à me plaindre de rien. Surtout comparé à ceux qui ont usiné pour nous.Mes vagues à l’âme, je les mets entre deux tranches de pain et je les mange, ou alors je fais des drop/rugby avec. Franchement, le tic bourgeois de “Ô , j’en pouvais plus, il fallait vraiment que j’aille à la mer! On nous vole nos libertés! etc…” Tout ce truc égocentrique m’apparait quasiment aussi indécent que le foot relaté sur les radios du service public. Fuck Off! C’est la merde généralisée, et entre autre pour les artistes, mais c’est rien, soit on a le courage de passer à travers les gouttes, soit non.Je pense avoir ce courage. On verra bien, on est en vie, c’est chouette.

9) – Quel est le dernier artiste ou groupe que tu es allé voir sur scène ?

Itzablast (groupe fondé par Joe et agnès Doherty) chez Alric à Bordeaux, c’était superbe.Sinon mes places pour Damon Albarn et Paul mac Cartney n’ont pas été utilsées cause’ Covid.J’adorerais aller voir Foutains DC.

10) – Quel rôle occupe/tient Estelle dans ton processus de créativité (écriture et composition)?À t’elle une influence particulière ?

Estelle n’écrit pas de chansons, mais elle a une influence énorme sur moi à tous niveaux dont l’écriture. D’une part par ses jugements, je l’emmerde beaucoup avec mes doutes, d’autre part, comme c’est la personne avec qui je vis et dont je suis amoureux, mon architecture mentale, mon psychisme est évidemment fait d’elle aussi.

 

Merci à Romain Humeau!

 

Interview réalisée par mail via @Ephelide_agency

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