electrypop interview : An Eagle In Your Mind

Interview avec le groupe de Folk Rock hypnotique Français : ‘An Eagle In Your Mind‘.Il nous parle de son troisième album ‘Intersection‘ qui sortira le 31 Mars Prochain !.

©Ramataupia

1) Comment vous êtes-vous connus et avez décidé de former An Eagle in your Mind ?

Nos chemins se sont croisés à la faculté de Philosophie de Lyon. Nous sommes tous les deux les inspirés de la métaphysique Deleuzienne, les souffleurs de vents tempétueux Nietzschéens, les sauvages nanties de l’or de Rimbaud et d’Artaud…..
An Eagle in your Mind provient de cet élan. C’est notre tentative de chevaucher le dragon de la réalité, de faire fuir les possibilités froides déjà tracées sur la plage de sable de l’ennui infini de tout un chacun.
An Eagle in your Mind, c’est pour nous une quête, une guerre, un jeu d’enfant. C’est comme suivre la piste d’une bête imaginaire juste pour voir où ça nous mène et dériver vers un rêve héroïque et brutal. C’est un ailleurs, d’où le titre de notre premier album « Outside » (2017).

2) A quel(s) artiste(s) ou groupe (s) peut-on vous comparez ?

La musique d’An Eagle in your Mind est très singulière car elle est issue de la rencontre des univers musicaux et affectif de deux personnes qui n’ont jamais aimé penser et sentir dans les cadres communs. Ce n’est pas une volonté de notre part, mais force est de constater que c’est une question à laquelle il n’y a pas vraiment de réponse.
Les seules artistes que je peux citer ici seraient de ceux qui ayant aussi une production musicale singulière ne nous sont comparables que dans la mesure où ils sont eux même difficiles voir impossibles à comparer. On pourrait penser à Dead Can Dance par exemple.

3) Pouvez-vous nous parler de votre nouvel album ‘Intersection’, titre par titre ? (Un album de
sept titres en langue anglaise.)

1-Desert Land

Une plage déserte sur laquelle la marée aurait déposé les couches successives du limon des siècles. Desert Land est cette plage où sédimentent les errances de An Eagle in your Mind.
Harmonium indien, dobro, guitare folk, sample enregistrés sur la route, superposition de chœurs psychédéliques et de drones, le tout scellé par une voix sombre et mélancolique.

2-Storm

« Storm » raconte le besoin de partir, la fatigue de la route, cette tension qui habite les âmes assoiffées d’horizon et de possible. An Eagle in your Mind distille ici un blues qui flirte avec le rock progressif, un peu comme une version acoustique des Doors.

3-Intersection

“Where is, where is the Door? I’m Dying on the Floor. Let me trying again.”(1) On pensera bien sûr aux portes de la perception que le duo nous invite à franchir mais aussi au voyage d’Alice
au Pays des Merveilles, à la porte magique trop grande ou trop petite, à la potion qu’il faut boire pour se rendre de l’autre côté du miroir, là où l’on espère inverser toutes les valeurs, cette cour
des Miracles que le duo appelle de ses vœux. Ceux qui ont suivi reconnaîtront peut-être ici une version revisitée d’Angola Moon issu du deuxième album « Miraculous Weapons » de An Eagle in your Mind (2018).

4-On Your Shoulders

Pierre de voûte de ce disque, « On your Shoulders » introduit la deuxième face de ce disque et nous offre ce en quoi An Eagle in your Mind excelle. Titre long, rock progressif acoustique aux
accents orientaux et psychédéliques, superposition de guitares, de chœurs, de samples, de synthés tournoyants et de plages d’harmonium.

5-Riverside

Voix tantôt douce et écorchée, « Riverside » oscille entre un rock stoner acoustique et une folk digne du revival seventies, pour un titre définitivement blues.

6-Let Me Ride

Incursion pop si l’on ose dire, « Let Me Ride » fait l’effet d’un rayon de soleil dans ce disque sombre mais ne vous fiez pas à la première impression. « Let Me Ride » raconte la solitude, les
amitiés perdues et les utopies défaites. « All my friends are dead. We were supposed to break the rule, and to build a new world soon. Now I’m singing to the Moon, because we just were too fool. » (2)

7-Silver Plate

Dernier titre de cet album, « Silver Plate » donne à entendre en solo cet harmonium indien bourdonnant qui sous-tend tout le disque, comme une très lente prière offerte au vent, Sophia chante la résignation. I’ve been trying to change the fate. And make you eat in a Silver Plate. But nothing has change. And I celebrate, the song of the Wind. (3)

(1) « Où est, où est la Porte ? Je meurs par terre. Laisse-moi réessayer. »
(2) « Tous mes amis sont morts. Nous étions censés briser la règle et construire bientôt un nouveau monde. Maintenant je chante pour la Lune, parce que nous étions juste trop idiots / fous. »
(3) «J’ai essayé de changer le destin. Et te faire manger dans une assiette d’argent. Mais rien n’a changé. Et je célèbre le chant du Vent. »

4) Vous allez effectuer quelques dates en France à partir de début Avril, vous avez hâte de vous produire sur scène?

Une belle tournée européenne va nous mener de Paris à Varsovie, de Budapest à Bruxelles en passant par Prague ou Bratislava. Quoi de plus évident que d’être sur la route et de sillonner le vaste monde pour y mettre le feu ? C’est notre plaisir et notre vin.
Notre mode de vie est comparable à celui des boxeurs. Il y a de long mois d’entraînement, patients et disciplinés loin du tumulte, pour plonger ensuite en un éclair, sur le ring de la scène et y dissiper toute notre âme, y dilapider toute notre énergie en un gigantesque tremblement de terre, en une magnifique seconde, perle de notre fureur!
Comment avoir hâte de se perdre à ce point là ? C’est un épuisement qui nous pousse aux limites de ce dont nous sommes capables. Une fatigue immense et grisante qui est délice autant que violence. C’est un sacrifice en quelque sorte. En tout cas, il y a une dimension sacrificielle dans tout ça. Et il faut l’assumer jusqu’au bout. Show must go on !

5) Quelles sont vos principales influences ?

Nous sommes beaucoup nourris du mouvement Psy Folk des années 70 avec des groupes comme Pentacle, Buffy Sainte Mary, Love, Sweet Smoke…
Mais notre univers musical est beaucoup plus ouvert et mouvant, et passe aussi par le hip-hop (Billy Woods), l’industriel (Scorn), le dark (Jozef van Wissem ou Emma Ruth Rundle), les musiques expérimentales et traditionnelles (La Téne), le world (Mahmoud Guinia, etc…

6) Vous adoptez un style de vie qu’on pourrait qualifier de Nomade, puisque vous vivez paraît-il dans un camion aménagé ? Un mode de vie choisi ou imposé par les aléas de la vie ?

Nous avons versé dans le nomadisme intégral dès le début. Ou plutôt avant le début, car avant la musique il y a la trahison. Le réel doit être trahi, on ne peut pas tricher avec lui. Sinon, il vous rattrape et finit par étouffer les rêves les plus indispensables à la vie des être rares que nous sommes.
Le nomadisme est une trahison. Être nomade c’est trahir, trahir la famille, trahir la profession, trahir la propriété. Trahir, et pas tricher pour accommoder les choses, pour tenir le coup dans du moyen, du bof, du fun, du … Pour nous, c’est ça la vie en camion aménagé.
On n’a jamais eu le choix. Notre physiologie profonde se refuse au compromis, c’est une douleur parfois mais une évidence toujours. Donc, c’est un choix qui s’impose comme l’ombre
s’impose au voyageur. “Les aléas de la vie” ne sont que les symptômes d’une conversion intérieure qui dépasse l’horizon de nos individualités.

6) Quels sont vos futurs projets à court et à long terme?

Nous allons sortir ce nouvel album « Intersection » et célébrer sa venue au monde par une belle tournée européenne à travers l’Allemagne, La République Tchèque, La Slovaquie, La Pologne, la Belgique, etc
A plus long terme, nous aurions envie de faire évoluer la formule duo de An Eagle in your Mind.
Pourquoi pas redistribuer les cartes pour un nouveau cycle de divination ? Intégrer de nouveaux membres, devenir un groupe de rock psychédélique, prendre de nouvelles drogues … L’avenir
est une machine à produire du désir.

Merci à An Eagle In Your Mind !

Interview réalisée par mail via : http://www.twitter.com/vb_en_backstage

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